Depuis 2005, à chaque début de printemps, on observe dans le centre de Lyon un phénomène étrange. Des milliers d’amateurs de faits divers et de frissons, adeptes de littérature noire, convergent vers le même lieu : le Festival Quais du Polar.
En tant que grande amatrice de romans policiers, c’est aussi un moment que j’attends avec impatience. Pour moi, c’est un peu comme arpenter ces quelques jours entre fiction et réalité !
Qu’est-ce que le festival Quais du polar ?
Quais du polar est un festival gratuit qui se déroule fin mars/début avril à Lyon autour du Palais de la Bourse et de la place de la Comédie, entre Rhône et Saône.
Comme son nom l’indique, ce festival célèbre le polar sous toutes ses formes : littérature, cinéma, séries, BD, musique…
On peut assister à des conférences, rencontrer les plus grands auteurs et obtenir leur dédicace, prendre part à une enquête géante ou encore participer aux nombreuses remises de prix ou autres concours (de traduction, de lecture à voix haute, etc.).
C’est aussi l’occasion de se divertir avec la dictée noire. Oui, oui, je parle bien de divertissement !
L’édition Quais du Polar 2023 aura lieu du 31 mars au 2 avril et accueillera plus de 140 auteurs ou réalisateurs du monde entier. Parmi les plus connus, seront présents : Élisabeth George, Christian Jacq, Bernard Minier, Olivier Norek, Franck Thilliez, ou encore les réalisateurs et scénaristes Dominik Moll et Joann Sfar. Je l’avoue, j’ai cité mes préférés !
Les thèmes de cette année sont :
Le polar espagnol
Comme le polar français, le polar espagnol connaît un renouveau depuis les années 2000 après son âge d’or des années 1970-1980.
Porté par des auteurs et des autrices comme Víctor del Árbol, Javier Cercas, Carmen Mola ou encore Alicia Giménez-Bartlett, il occupe désormais une place centrale sur la scène littéraire espagnole.
Cela ne fut toutefois pas toujours le cas. L’émergence du polar ibérique est souvent considérée comme une des conséquences directes de la mort de Franco en 1974.
Dans les années 1990, on observe un net repli des publications de littérature policière. Peu de jeunes auteurs sont publiés, et les auteurs historiques délaissent ce genre.
Néanmoins, dans les années 2000, la littérature policière connaît un renouveau, sans doute boosté par la Milleniumania qui secoue l’Europe à cette période. De nouveaux auteurs apparaissent, et des maisons d’éditions spécialisées sont créées.
J’avoue connaître assez mal le polar espagnol, mais j’ai hâte d’en apprendre plus à cette occasion.
Pour en savoir plus, je vous conseille la courte – mais néanmoins intéressante – étude Le polar espagnol ultra-contemporain : un label sur le marché éditorial européen ? d’Emilie Guyard, disponible en accès libre.
Le roman d’espionnage
Soixante ans après la sortie de L’espion qui venait du froid, le festival rend hommage à son auteur John Le Carré et à ce genre que le contexte géopolitique a remis au goût du jour.
L’occasion de se questionner sur comment mettre en scène des vraies agences d’espionnage, sources de légendes et de fantasmes, sans tomber dans le complotisme.
L’occasion aussi de célébrer ces espions qui ont pris la plume pour nous raconter leur monde et de rééquilibrer la place des espionnes dans ce genre, largement dominé par des héros masculins.
Roman noir et journalisme
Des colonnes d’un journal aux pages d’un livre, il n’y a qu’un pas, que franchissent de nombreux grands reporters, faits-diversiers ou envoyés spéciaux pour témoigner de leur expérience du terrain.
Le polar est un genre qui se prête particulièrement au mélange des genres, tant il s’inspire de l’actualité. Ce n’est pas pour rien qu’on le désigne fréquemment comme étant la « littérature du réel ».
Cette édition 2023 de Quais du polar pose les questions suivantes : la fiction permet-elle de mettre en scène plus librement l’actualité ? Comment conjuguer réalité et fiction ?
Comme chaque année, le programme est extrêmement riche, et il va être compliqué de tout faire, de tout voir et de tout lire. Pour commencer, vous pouvez vous rabattre sur les pépites recommandées par le festival.
Toutefois, il y a un événement que je recommande particulièrement : la dictée noire.
Qu’est-ce que la dictée noire ?
La dictée noire est un des grands temps forts des Quais du polar. En tant qu’amoureuse de l’orthographe, c’est aussi un de mes moments préférés.
Je l’apprécie particulièrement, car elle se veut décalée et qu’elle sert à promouvoir une belle cause : la lutte contre l’illettrisme.
Après Amélie Nothomb, François Morel, Antoine De Caunes ou encore François Rolin, cette année, c’est le journaliste Fabrice Drouelle qui se chargera de la lecture.
Découvrez la dictée 2019 lue par Philippe Manœuvre :
À vos plumes !